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Une vie citadine stressante affecte les gènes des oiseaux

Les mésanges charbonnières vivant dans les villes sont génétiquement différentes des mésanges des zones forestières rurales. C’est ce que les chercheurs ont trouvé dans une étude unique, étudiant des populations de mésanges dans neuf grandes villes européennes.

Les chercheurs ont comparé les gènes des mésanges urbaines à ceux de leurs congénères vivant à la campagne. Peu importe que les mésanges vivent à Milan, Malmö ou Paris: pour s’accommoder d’un environnement créé par les humains, ces oiseaux ont évolué de façon similaire.

? Un article traduit, de Lund University


Différents types de gènes liés à des fonctions biologiques importantes, telles que la cognition et divers comportements régulés par la sérotonine, comme l’agression et les rythmes circadiens, ont été sélectionnés et ont été transmis de génération en génération dans les populations urbaines. Dans les populations rurales, ces comportements sont également importants, cependant, les types de gènes qui les contrôlent sont différents.

“Ceci indique que ces comportements et la cognition sont très importants pour vivre dans des environnements urbains qui comportent de nombreuses sources de stress, sous la forme de la pollution sonore, des lumières nocturnes, de la pollution de l’air et de la proximité constante avec les populations humaines”,

explique Caroline Isaksson, Maître de Conférences sénior à l’Université de Lund, qui a dirigé l’étude avec son ancien doctorant Pablo Salmón.

Cette étude est la plus vaste à ce jour à avoir étudié la façon dont l’environnement urbain affecte le génome, et donc l’information génétique des organismes qui y vivent. En tout, 192 mésanges charbonnières adultes ont été comparées, provenant des populations de Malmö, Göteborg, Madrid, Munich, Paris, Barcelone, Glasgow, Lisbonne et Milan. Pour chaque population urbaine, les chercheurs avaient un groupe contrôle vivant à proximité, mais en zone forestière rurale. Des échantillons de sang ont été prélevés sur tous les individus, et analysés génétiquement.

“Nous avons analysé plus d’un demi-million de SNPs (« single-nucleotide polymorphisms », ou polymorphismes d’un seul nucléotide) distribués sur tout le génome. Parmi eux, une poignée montrait clairement des changements en réponse à l’urbanisation”,

précise Caroline Isaksson.

Les mésanges charbonnières sont communes dans toute l’Europe, et il est connu depuis longtemps qu’elles sont assez similaires génétiquement. Malgré cela, les chercheurs viennent d’identifier de claires différences génétiques entre mésanges des villes et leurs cousines des champs.

“Le fait que l’on détecte largement dans le génome ces phénomènes sélectifs dus aux conditions environnementales prévalant dans les villes, dans une espèce dont les populations européennes sont par ailleurs génétiquement similaires, est surprenant”,

conclut Caroline Isaksson.

“Cette étude est également un très bel exemple de collaboration à large échelle entre équipes européennes, permettant, par la mise en commun des données, des découvertes fondamentales éclairant l’écologie et l’évolution des populations, et de la biodiversité, en réponse aux modifications de l’environnement liées aux activités humaines”,

ajoute Clotilde Biard, co-auteur de l’étude, directrice d’un programme de recherche sur l’écologie évolutive et la physiologie des populations de mésanges en Ile de France, et Maître de Conférences à Sorbonne Université.

Référence

Cette étude est parue dans Nature Communications le jeudi 20 mai 2021 :

Salmón, P., A. Jacobs, D. Ahrén, C. Biard, N. J. Dingemanse, D. M. Dominoni, B. Helm, M. Lundberg, J. C. Senar, P. Sprau, M. E. Visser and C. Isaksson (2021). “Continent-wide genomic signatures of adaptation to urbanisation in a songbird across EuropeNature Communications 12(1): 2983. https://doi.org/10.1038/s41467-021-23027-w

Contacts

Caroline Isaksson, Lecturer
Department de Biology, Université de Lund, Suède
+46 46 222 17 80
+46 725 22 22 04

Pablo Salmón, Postdoc
Université de Glasgow, UK
+44 7783 233 254

Clotilde Biard, Maître de Conférences S.U.
IEES Paris – Institut d’Ecologie et des Sciences de l’Environnement
Équipe Écophysiologie Évolutive, Département Éco-Évo,
Faculté de Sciences et Ingénierie, Sorbonne Université,
Campus Pierre et Marie Curie, case courrier 237,
4 place Jussieu,
F-75252 Paris cedex 05, France

Crédit photo bannière : Clotilde Biard

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