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Le Monde – « Les vers de terre sont des alliés plus précieux que le glyphosate pour la santé de notre planète et de ses habitants »

Alors que la Commission européenne s’apprête à valider ces jours-ci le renouvellement d’autorisation du glyphosate pour dix ans, un collectif de chercheurs spécialistes des sols alerte, dans une tribune au « Monde », sur les nombreuses études qui montrent « sans équivoque » les effets délétères du glyphosate sur les vers de terre, puissants alliés d’une agriculture durable.


? Un article publié dans Le Monde

A l’aube du 50e anniversaire de son utilisation en France, le sort du glyphosate est entre les mains de la Commission et des Etats membres de l’Union européenne. Le débat sur sa toxicité pour l’homme et l’environnement est réel entre les autorités « compétentes », qui ont statué que le glyphosate ne présentait pas de « domaine critique de préoccupation », et les scientifiques, qui s’alarment et déclarent qu’il y a urgence à prendre en compte les données disponibles qui montrent le contraire.

Sous nos pieds, des milliards de petits animaux doivent suivre ces débats avec anxiété ! Les vers de terre sont aux premières loges lors des applications de pesticides. Quels sont les impacts du premier d’entre eux, le glyphosate, sur ces discrets travailleurs des sols, qui participent à leur fertilité, à leur perméabilité et à la régulation du cycle de l’eau ?

Un examen de la littérature scientifique sur les effets du glyphosate sur les vers de terre permet d’identifier plus de 60 études, publiées entre 1982 et 2022. Que font nos sociétés de toute cette connaissance ? Pas grand-chose. Depuis plus de vingt ans, les agences européennes chargées de l’évaluation des risques ne tiennent pas compte de toutes les études scientifiques disponibles, nombre d’entre elles mettant en évidence des effets négatifs du glyphosate – ou des herbicides contenant du glyphosate –, sur les vers de terre.

Plus de 30 études académiques sur le glyphosate

En 2002, lorsque le glyphosate apparaît sur la liste des molécules autorisées à l’échelle de l’Union européenne, seuls deux tests réglementaires, menés par les firmes agrochimiques elles-mêmes, figuraient dans le dossier d’autorisation officielle. Or des études scientifiques menées en conditions réalistes – sols naturels, espèces présentes dans les sols agricoles – montraient déjà des dommages sur les tissus des vers de terre et des effets négatifs sur leur croissance, occasionnés par des produits à base de glyphosate.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « Le dossier glyphosate illustre jusqu’à la caricature le conflit entre agences réglementaires et institutions scientifiques »

En outre, les deux tests cités dans le dossier étant « protégés » par le secret industriel, il n’est pas aisé d’y avoir accès. Mais pourquoi protéger des données qui concernent l’humanité tout entière ? Comment expliquer que nous, qui sommes exposés à ces molécules, ne puissions pas avoir accès à l’information sur leur dangerosité pour l’environnement ?

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Signataires de la tribune :

  • Barot Sébastien, écologue des sols, directeur de recherche, IRD
  • Blouin Manuel, écologue des sols, professeur d’écologie, Institut Agro Dijon
  • Dupont Lise, évolutionniste et généticienne des populations de macrofaune du sol, géodrilologue, enseignante-chercheuse, UPEC
  • Goussopoulos Juliette, doctorante en écologie du sol, géodrilologue, INRAE
  • Hoeffner Kévin, écologue des sols, géodrilologue, Université de Rennes
  • Lavelle Patrick, Professeur Émérite, Sorbonne Université
  • Le Mer Guillaume, docteur en Science de l’Environnement, Biologie et Écologie des Lombricidés
  • Marichal Raphaël, écologue du sol et géodrilologue, chercheur, CIRAD
  • Mathieu Jérôme, enseignant chercheur en écologie du sol, Sorbonne Université
  • Monard Cécile, écologue, microbiologiste du sol, chargée de recherche, CNRS
  • Pérès Guénola, écologue des sols, géodrilologue, Institut Agro Rennes-Angers
  • Petit dit Grézériat Lucas, doctorant en écologie du sol, géodrilologue, INRAE
  • Pey Benjamin, écologue des sols, maître de conférence, ENSAT
  • Ruiz Camacho Nuria, écologue du sol, géodrilologue, ANR
  • Vergnes Alan, écologue des sols, CEFE/Université Paul-Valéry Montpellier 3

Copyright photo : David Carmignac iEES Paris

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