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La saisonnalité des vents érosifs est-elle la même dans tout le Sahel ?

L’érosion des sols sous l’effet du vent est un phénomène majeur au Sahel qui peut affecter la fertilité des sols, mais aussi des processus climatiques ou encore la santé humaine. Les études existantes sur cette érosion ou sur le potentiel érosif des vents au Sahel sont rares et se sont principalement intéressées au Sahel central. Des chercheur·euses de l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA), du Laboratoire Interuniversitaire des Systèmes Atmosphériques (LISA) et de l’institut d’écologie et des sciences de l’environnement de Paris (iEES-Paris) ont comparé dans un article publié dans Aeolian Research, l’érosion et l’érosivité des vents entre l’ouest du Sahel et le Sahel central. Ces études permettront d’adapter des mesures de préservation de la fertilité des sols en fonction de la saison et de la localisation des sols au Sahel.


En 2020, les chercheur·euses ont instrumenté une parcelle de 1 hectare afin de suivre le flux de sédiments éoliens à Bambey, dans la région du bassin arachidier sénégalais. En parallèle, ils/elles ont analysé des mesures de vent localisées à proximité sur le long terme (2014-2021). Ces jeux de données leur ont permis d’estimer l’érosion (flux de particules du sol) et l’érosivité éolienne (potentiel du vent sur l’érosion), et ainsi d’analyser plus précisément ces phénomènes dans l’Ouest du Sahel sur des périodes pluriannuelles.

Ils/elles ont observé que la saisonnalité de l’érosivité éolienne diffère largement entre le Sahel occidental (Sénégal) et le Sahel central (Mali, Niger). Au Sahel occidental, l’érosivité des vents est lié à des vitesses de vent moyennes pendant la saison sèche (surtout de février à avril), tandis qu’au Sahel central, elle est principalement due à des vents forts se produisant au début de la mousson (juin juillet). De plus, les masses de sédiments éoliens pendant la saison sèche sont du même ordre de grandeur au Sénégal qu’à l’ouest du Niger, mais inférieurs à l’est du Niger. Pendant la saison des pluies, ces masses sont plus faibles au Sénégal qu’au Niger.

Au total, le flux annuel de sédiments éoliens apparaît donc significativement plus faible au Sahel occidental qu’au Sahel central, et surtout lié à la saison sèche. Ainsi, d’éventuelles mesures (par exemple en termes de gestion des résidus de culture) visant à limiter l’érosion éolienne et la perte de fertilité du sol qu’elle peut induire, devront tenir compte de la saisonnalité de l’érosivité des vents et donc de la localisation du site considéré au sein du Sahel.

Légende de la photo : Instruments set-up in the monitored 1-ha plot, near Bambey, in the Groundnut Basin of Senegal ©Jean-Louis Rajot

Référence de la publication

A contrasting seasonality of wind erosivity and wind erosion between Central and Western Sahel,

C. Pierre, J.L. Rajot, I. Fayec, G.S. Dorego, C. Bouet, B. Marticorena, G. Bergametti, A. Ka, B. Amar, A. Tall, N. Diagne, A. Feron, Aeolian Research,10.1016/j.aeolia.2023.100879

Contact scientifique

PIERRE Caroline CR CNRS, Équipe F2ZC du Département Sols_ZC

Service de communication

Julie Legoupi

Cité sur le site de l’INEE du CNRS : La saisonnalité des vents érosifs est-elle la même dans tout le Sahel – CNRS-InEE

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