Dans cet article prospectif, un consortium international coordonné par des chercheurs de l’Université de Copenhague examine les perspectives d’utilisation de la ’’3e dimension’’ des terres agricoles. En d’autres terme, la possibilité, sans recourir à de nouvelles terres, d’augmenter le volume de sol exploité par le système racinaire des cultures. Ceci permettrait d’augmenter la base de ressources disponibles pour la production agricole tout en minimisant les externalité indésirables fréquemment associées aux agroécosystèmes actuels.
Mots-clefs : intensification durable ; racines profondes ; cultures pérennes.
Face au défi d’une demande alimentaire mondiale croissante dans un contexte de changement climatique global et de diminution des terres disponibles, peu d’options existent pour tenter d’intensifier la production agricole de manière durable.
Parmi ces options, un aspect largement négligé consiste à augmenter l’utilisation des ressources profondes des sols par le biais de la sélection de nouveaux génotypes et du développement de systèmes de cultures dont la profondeur d’enracinement effective est sensiblement plus importante que celle des systèmes actuels.
Cet article explore ainsi les perspectives d’extension de la ’’3e dimension’’ des terres agricoles, c’est-à-dire la possibilité, sans recourir à de nouvelles terres, d’augmenter le volume de sol exploité par le système racinaire des cultures, augmentant ainsi la base de ressources disponibles pour la production agricole tout en minimisant les pertes d’intrants. Plus particulièrement, nous examinons ainsi : (i) les modalités selon lesquelles un enracinement plus profond des cultures pourrait être obtenu, (ii) l’impact potentiel de cet enracinement plus profond sur l’acquisition de ressources habituellement inexploitées, (iii) les effets possibles d’un agriculture plus profondément enracinée sur la fertilité, l’écologie et le stockage du C dans le sol.
Nous concluons que les connaissances actuelles sur les racines profondes des cultures et des plantes sauvages indiquent clairement qu’il existe un potentiel d’extension de la troisième dimension des terres agricoles et que l’utilisation des ressources du sol profond pourrait être améliorée de diverses manières. Une des voies d’amélioration consiste à s’appuyer davantage sur l’utilisation d’espèces dont l’enracinement est intrinsèquement profond, comme par exemple à travers l’utilisation croissante d’espèces cultivées pérennes, même si l’amélioration de l’enracinement des espèces cultivées actuelles est plus susceptible d’apporter des améliorations significatives sur le court terme.

Référence de la publication :
Thorup-Kristensen et al., “Digging Deeper for Agricultural Resources, the Value of Deep Rooting.” Trends in Plant Science.
DOI : https://doi.org/10.1016/j.tplants.2…
Coordonnées du l’auteur de l’actualité :
Mél : Alain Pierret, chargé de recherches ; IRD