Sciences et avenir

Les recherches d’Ecosens à l’honneur dans « Sciences et Avenir – La Recherche » du mois de mai

« Odorat des insectes », voici le titre du dernier article de Loïc Chauveau paru dans le numéro « Sciences et Avenir-La Recherche » du mois du mai n°903 (pages 55-58). Rédigé suite à sa visite du site de Versailles du département d’écologie sensorielle de iEES Paris et d’un long entretien avec Emmanuelle Jacquin-Joly, directrice du département, l’article décrit les approches d’écologie chimique, classique et inverse, qui sont y menées pour contribuer au biocontrôle des insectes ravageurs.

Une drosophile préparée pour l’enregistrement de l’activité électrique de ses neurones olfactifs. Photo : Alizée Delarue @INRAE

? Article sur le site Sciences et Avenir est extrait du mensuel Sciences et Avenir – La Recherche n°903, daté mai 2022. 

Près de Versailles (Yvelines), une lutte s’organise. À l’entresol du département d’écologie sensorielle sur le campus de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) de Grignon, des chercheurs mettent au point des solutions pour arrêter les insectes ravageurs les plus redoutables de l’agriculture. Leur modèle : la noctuelle du coton (Spodoptera littoralis), un papillon de nuit qui se nourrit de tomates, pommes de terre ou maïs, entre Afrique et Europe. Présente en Espagne, Italie et Grèce, elle n’est pas encore arrivée en France. Pourtant c’est bien elle qui est cultivée par le laboratoire de l’Institut d’écologie et de sciences de l’environnement de Paris. L’objectif ? Comprendre comment fonctionne son odorat, afin de le tromper. Une piste qui permettrait de protéger les récoltes sans pour autant détruire toute vie autour. Car jusqu’ici, l’agriculture utilise des armes chimiques lourdes, responsables de la disparition d’un quart des populations d’insectes ces trente dernières années.

À première vue, le “nez” des insectes est bien différent de celui des mammifères. Directrice du département d’écologie sensorielle, Emmanuelle Jacquin-Joly montre les fines antennes de Spodoptera littoralis 

“Ses antennes sont couvertes de petites soies, les sensilles, qui ont une longueur de 50 à 100 micromètres (µm) pour un diamètre de 1 à 5 µm, soit dix fois moins qu’un cheveu humain. Les très nombreux pores à leur surface, d’un diamètre de 0,1 à 0,2 µm, sont la porte d’entrée des molécules odorantes. 

Cependant, que l’organe sensoriel soit interne comme le nez humain, ou externe comme les antennes, la traduction de l’odeur en comportement (attirance, répulsion) suit un cheminement commun à toutes les espèces terrestres. Chaque récepteur olfactif est en effet associé à un neurone qui va transmettre un message électrique au cerveau. 

“Chez les insectes, le récepteur est lié à un corécepteur et ils vont produire ensemble le signal électrique, poursuit la chercheuse. Chez les mammifères en revanche, le récepteur est lié à une protéine qui active une cascade de réactions amenant au signal électrique, preuve que les deux systèmes ont une origine évolutive radicalement différente. 

Et grâce à cette différence, perturber l’odorat d’un lépidoptère ou d’un coléoptère n’affectera pas les autres familles du monde vivant.

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