France inter – Comment réduire l’impact environnemental de la recherche ?

La recherche scientifique est soumise à un questionnement sur les modalités de la transition écologique, pour réduire son empreinte carbone. Le collectif “Labo 1 point 5″ promeut une culture bas carbone dans la communauté scientifique.


🔗 Un article et une interview de France inter

Le changement climatique occupe, depuis plus d’une décennie, une place majeure dans la recherche scientifique ainsi que dans les débats politiques et citoyens. Comme tous les secteurs de la société, la recherche scientifique est soumise à un questionnement sur les modalités de la transition qui doit s’opérer pour réduire son empreinte carbone. 

Le collectif Labos 1point 5, fondé par l’astrophysicien Olivier Berné et la chercheuse  en science de l’environnement Tamara Ben Ari (équipe EMS du département DCFE), souhaite mettre en cohérence les pratiques de travail de la recherche avec les objectifs de réduction de l’empreinte humaine sur l’environnement. L’objectif de ce collectif de chercheurs interdisciplinaires est d’amorcer ou de poursuivre le changement de leurs pratiques professionnelles afin de réduire leur impact sur l’environnement, en cohérence avec les objectifs de l’Accord de Paris dont le nom Labos 1point5 est d’ailleurs une référence directe. Le collectif souhaite, comme le dit son texte fondateur : 

Ouvrir la voie à une nouvelle éthique de recherche, à une activité scientifique toujours aussi fertile, mais plus sobre, plus respectueuse de l’environnement

L’objectif  de ce collectif de chercheurs unique au monde, est de fournir des outils et des moyens à la communauté de recherche pour qu’elle puisse faire sa transition, en partant de la base. Les scientifiques se sont fixé trois lignes directrices : quantifier l’empreinte environnementale des activités de recherche, répertorier les initiatives engagées dans les laboratoires et, enfin, faire émerger des solutions. 

Une première enquête a été conduite de fin juin à début décembre 2020 

Et auprès de plus de 6000 répondant·es, tiré·es au sort parmi l’ensemble des personnels affiliés à une unité du CNRS, tous statuts et disciplines confondus. Les premiers résultats indiquent déjà que les personnels sont inquiets de la crise écologique : 

  • 99 % des répondants se disent préoccupés par le changement climatique
  • 72 % “très” ou “extrêmement préoccupés”. 

À noter également que le climato-scepticisme n’existe pas dans l’enseignement supérieur et la recherche : 

  • 99 % des répondants pensent que “le climat de la planète est en train de changer”
  • Et parmi eux, 96 % pensent que les activités humaines “jouent un grand rôle” ou “sont l’unique cause” du changement climatique. 

Les résultats montrent également que le personnel de la recherche veut des actions concrètes et est prêt à modifier ses pratiques professionnelles – 88 % des répondants sont d’accord avec l’idée que « l’urgence climatique exige des changements profonds dans la pratique de leurs métiers . 

Ce collectif a également développé un outil inédit (GES 1point5qui permet aux laboratoires engagés de mesurer leur empreinte carbone. L’objectif de cet outil est double. Il s’agit de mener des études scientifiques relatives à l’empreinte carbone de la recherche publique française, mais également de nourrir la réflexion sur les leviers d’actions permettant de réduire l’impact des activités de recherche sur les émissions de gaz à effet de serre, tant à l’échelle nationale qu’à celle du laboratoire. Cet outil web est disponible pour tous les laboratoires de recherche français. 

Tout dernièrement a été lancé le Groupement de Recherche Labos 1point5, soutenu par l’ADEME, INRAE et le CNRS, dont ambition est de fédérer la recherche française sur la question de son impact environnemental. Les premières études scientifiques portant sur les activités de recherche à l’échelle de laboratoires ou d’universités semblent indiquer que cette empreinte est significative et inégalement répartie avec une grande hétérogénéité autant au niveau des disciplines et des localités que des professions. C’est pour adresser ce manque d’informations et étudier et développer les changements dans les pratiques des agents de la recherche que le nouveau Groupement de Recherche (GdR1) Labos 1point5 vient d’être créé.

Avec 

Olivier Berné chercheur CNRS en astrophysique à l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (IRAP) et co-fondateur du Collectif Labos 1point5. 

Tamara Ben Ari chercheuse en agronomie globale à L’INRAE et rattachée à l’Institut d’écologie et des sciences de l’environnement de Paris (IEES Paris, équipe EMS du département DCFE). Elle est co-fondatrice du collectif Labo1point 5 et dirige le Groupement De Recherche (GDR) lancé conjointement par le CNRS et l’INRAE, et soutenu par l’Ademe. 

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