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La diversité des ouvrières n’améliore pas le succès des colonies chez la fourmi Temnothorax nylanderi

Les groupes sociaux sont constitués d’individus qui diffèrent les uns des autres, et il existe un bon nombre d’études montrant que cette diversité améliore l’efficacité du groupe notamment chez la fourmi.

Chez les insectes sociaux, la diversité de taille peut par exemple améliorer l’efficacité de la recherche de nourriture, de la construction des nids, de l’élevage des jeunes et de la production de jeunes reines. Ainsi, les colonies plus diversifiées sont souvent plus efficaces.

Romain Honorio et ses collaborateurs de Sorbonne Université de l’EPHE ont manipulé expérimentalement la diversité de taille des ouvrières dans des colonies d’une espèce de fourmi à diversité modérée pour en mesurer l’impact sur l’efficacité (croissance, survie, fécondité).

De façon surprenante, cette étude réalisée en milieu naturel a mis en évidence l’absence d’effet de la diversité de taille des ouvrières sur l’efficacité des colonies. Leur article, publié dans Behavioral Ecology and Sociobiology, discute en quoi la diversité pourrait en fait résulter de phénomènes de tricherie individuelle, ou de mécanismes évolutifs d’assouplissement du développement larvaire dans un contexte social.


Mots-clefs : insectes sociaux, taille moyenne du corps, effectif de la colonie, survie, croissance, succès reproducteur

Chez les insectes sociaux, la diversité de taille au sein des colonies est supposée améliorer le succès reproducteur de la colonie. Des études récentes tendent à remettre en question cette supposition chez les espèces où la diversité de taille est modérée. Cependant, il est difficile de démontrer une absence d’effet car cela peut être due à la mesure de seulement quelques traits du cycle de vie ou à des conditions artificielles.

Afin de contourner ces limites, nous avons expérimentalement réduit la diversité de taille des ouvrières au sein des colonies de la fourmi Temnothorax nylanderi, en modifiant ou non la taille moyenne des ouvrières.

Les colonies ont été réintroduites sur le terrain pendant 4 mois (printemps et début de l’été). Nous avons ensuite mesuré leur valeur sélective à travers la survie, la croissance et le succès reproducteur.

Notre manipulation n’a pas affecté la valeur sélective de la colonie. De plus, les colonies n’ont pas restauré la diversité à son niveau initial, suggérant une fois de plus que la diversité de taille des ouvrières n’est pas un paramètre clé pour les colonies.

Nous trouvons une relation positive entre effectif de la colonie, croissance de la colonie et succès reproducteur comme généralement observé.

Dans l’ensemble, nos résultats confirment que la diversité de taille au sein des colonies n’est pas nécessairement adaptative chez les espèces où elle est modérée. Nous discutons des mécanismes alternatifs qui pourraient expliquer la persistance évolutive de la diversité de taille modérée des ouvrières.

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Membre(s) d’iEES Paris collaborant dans cette actualité :
HONORIO Romain & MOLET Mathieu

Contact :
HONORIO Romain, doctorant SU

Référence de la publication :
Honorio R., Doums C. & Molet M. (2020). Manipulation of worker size diversity does not affect colony fitness under natural conditions in the ant Temnothorax nylanderi. Behavioral Ecology and Sociobiology. DOI: 10.1007/s00265-020-02885-2

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