
Séminaire d’Etienne Decroly – “Retracer les origines du SARS-CoV-2”
Ouvert au public, sur inscription !
En janvier 2020, lorsque la Chine construit en une semaine 2 hôpitaux permettant d’accueillir 2500 lits, le monde comprend qu’on ne pourra pas échapper à la pandémie de SARS-CoV-2, qui a fait plus de 2,5 millions de morts en un an et demi.
Avec une efficacité insoupçonnée, les efforts de recherche et développement vont permettre la mise au point des premiers vaccins et traitements disponibles en moins d’un an.
En revanche, l’origine de cette épidémie n’a pas été identifiée, malgré les capacités de séquençage des virus décuplées ces dix dernières années. Cette question est pourtant essentielle pour l’avenir de l’humanité si l’on désire limiter le retour des risques pandémiques dans les prochaines
années.
Identifier l’origine des épidémies c’est se donner la possibilité de mettre en place les contres mesures. La question de l’origine du SARS-CoV-2 est un sujet de controverse important. Cette question scientifique de première importance est polluée par des questions polyptiques, qui ont gravement entravé le travail scientifique et l’enquête de l’OMS.
Au moins deux thèses diamétralement opposées s’affrontent :
– Les partisans de l’origine zoonotique pensent que le mécanisme usuel d’émergence des pathogènes est zoonotique, et que la très grande majorité des virus humains sont issus de processus de franchissement de la barrière d’espèce. Cette hypothèse est notamment supportée par l’échantillonnage de nombreux cousins du SARS-CoV-2 dans des populations des chauves-souris endémiques en Asie du Sud-Est. Les chauves-souris sont donc considérées comme le réservoir de cette famille de virus, et l’analyse des génomes indique que la diversité génétique des virus peut être décuplée lorsque des virus recombinent dans les populations de chauves-souris. Il est par ailleurs proposé que le passage à l’homme de ces virus nécessite le plus souvent un hôte intermédiaire, génétiquement plus proche de l’humain. La transmission des infections à l’humain est souvent favorisée par un contact direct avec les animaux infectés. Cette hypothèse initialement plébiscitée par la grande majorité de la communauté scientifique est maintenant questionnée par certains scientifiques car à ce jour, ni l’hôte intermédiaire, ni le virus proximal du SARS-CoV-2 n’a été identifié.
– Les partisans d’une origine par contamination dans un laboratoire basent leurs hypothèses sur l’émergence de l’épidémie dans une ville moderne de plus de 11 millions d’habitants où se concentrent les plus grands centres de recherche sur les coronavirus mondiaux. Ces laboratoires ont séquencé ces dix dernières années des centaines de nouveaux coronavirus, et ils ont développé des méthodes expérimentales permettant de cultiver ces virus. L’objet de leur recherche est entre autres d’identifier des nouveaux coronavirus potentiellement pathogènes chez l’humain, de comprendre les mécanismes de franchissement des barrières d’espèces afin de pouvoir surveiller les virus potentiellement pandémiques, et de développer des vaccins et thérapeutiques. Ces expériences ne « créent » pas de virus nouveaux, mais permettent d’accélérer considérablement les processus d’évolution de virus naturels. Dans certaines expériences il est possible de construire des virus chimériques (recombinants) ou d’ajouter des domaines fonctionnels, ces expériences de « Gain de Fonction ». Bien que ces travaux soient réalisés dans des laboratoires de biosécurité L3, ils ne sont pas sans risque notamment lorsqu’on travaille sur des virus respiratoires. La pratique de ce type d’expérience fait sujet d’un débat dans la communauté scientifique depuis la publication d’expériences de modifications de virus grippaux afin de les rendre plus transmissibles à l’homme en 2012.
Ce séminaire vise à détailler les différentes hypothèses.
Biblio :
– https://www.medecinesciences.org/fr/articles/medsci/full_html/2020/07/msc200195/msc200195.html
– https://lejournal.cnrs.fr/articles/la-question-de-lorigine-du-sars-cov-2-se-pose-serieusement
- Orateur: Etienne Decroly, DR CNRS, Marseille
- Laboratoire: AFMB Polytech
- Mail de l'orateur: etienne.decroly@afmb.univ-mrs.fr
- Url de l'orateur: http://www.afmb.univ-mrs.fr/decroly-etienne?lang=fr
- Inscription: https://umontpellier-fr.zoom.us/webinar/register/WN_vwrblOgnTHCjg-BncOpMuA